Est-ce que le choix de l'emplacement des ruches est un élément à prendre en compte dans l'appréciation de la durabilité de nos pratiques ?
- emplacement du rucher par rapport à son lieu
d'habitation : - La première conséquence liée à cette distance qui sépare le lieu d'habitation de l'apiculteur à celui de ses abeilles se sont les déplacements.
Comme les apiculteurs qui se déplacent à vélo pour visiter leur rucher ne sont pas légion je pense (moi-même je me déplace très rarement vers mes ruchers à vélo ! dès qu'il y a des choses à transporter, c'est délicat), réduire ses déplacements doit être un objectif.
Mes ruches sont placées sur 3 ruchers différents. Le tour est de 20 km environ. Sachant qu'au printemps les visites sont quasi journalières, cela fait 600km dans le mois.
Pas très durable direz-vous !! et vous avez raison.
Alors que faire ?
Très simplement, tout réunir sur un seul rucher et choisir un emplacement proche de chez soi.
Pour les opérations qui demandent beaucoup d'interventions comme l'élevage de reines, utiliser sont jardin !.
- emplacement du rucher par rapport aux ressources en nectar et pollen
Evidemment, l'apiculteur va choisir son emplacement par rapport à la richesse floristique du lieu, pour s'assurer une récolte en quantité et qualité.
Pour illustrer mon propos, je vais utiliser un cas d'école, même si dans la réalité, les choses ne sont pas aussi tranchées :
Un apiculteur hésite entre un champs de colza très
mellifère, qui va recevoir à coup sûre un traitement fongicide (pas mortel pour les abeilles) pendant la floraison et une zone de bocage où la biodiversité est très élevée mais la quantité de nectar et de pollen moins abondante que celle du champs de colza.
Que choisir ?
Dans le premier cas c'est une récolte assurée, mais du miel pas très bio (!), dans le second un très bon miel, mais une récolte certainement plus aléatoire.
A court terme, on aurait tendance à privilégier l'aspect économique , c'est à dire la quantité de miel produite plutôt que la qualité, dans la mesure où cette qualité n'est pas valorisée économiquement.
Mais, à mon avis, ce calcul est mauvais à moyen terme :
- même si le produit phytosanitaire ne fait pas mourrir les abeilles lors du butinage qu'en est-il de leur survie l'hiver lorqu'elles consomment du miel et du pollen de ce même colza ?.
Il semble de plus en plus vrai que nos abeilles survivent mieux en zone où l'agriculture est moins intensive, plus "naturelle".
Alors à moyen terme, même d'un point de vu strictement économique ,l'apiculteur a peut être intérêt à ne pas choisir le champs de colza.
D'autre part, je suis convaincu que nous apiculteurs, avons tout intérêt à viser un niveau de qualité élevé de nos miels avec une traçabilité irréprochable de nos pratiques pour espérer mieux valoriser notre production.
Je suis peut être de nature trop optimiste, mais quand on sait que le contexte apicole français est le suivant :
- fort déficit de production : importation de 50 % de nos besoins en miel
- mise en cause des pesticides dans l'extinction des insectes pollinisateurs
- forte médiatisation autour de l'abeille et de son rôle majeur dans la biodivesrité, la production de denrées alimentaires (fruits, légumes ....)
n'avons-nous pas intérêt à montrer aux consommateurs, que nous prennons aussi les choses en main et que le miel que nous produisons reflète dans sa qualité, notre engagement à protèger les abeilles, favoriser la biodiversité, soutenir une filière apicole en difficulté............................
En d'autres termes, notre miel doit reflèter notre engamenet dans une filière apicole durable.
Nous avons tous à y gagner.
Qu'en pensez-vous ?